la conddition des enfants

Victor Hugo est un écrivain mais aussi un homme politique qui s' insurge contre le travail des enfants, il réclame l' instruction pour tous. Il triomphe en 1862 lors de la considération de son action socio-politique sur le sort des enfants en organisant des bals pour récolter des fonds pour les pauvres et lors de la publication de son œuvre Les Misérables. Il a su faire ressortir les différents aspects que pouvait avoir l’enfance au XIXème siècle, à travers Gavroche, Eponine, Azelma et surtout Cosette. Son influence fut grande.

LES ENFANTS EN GÉNÉRAL: CEUX DE RICHES ET CEUX DE PAUVRES

Dans ce siècle, on investit de plus en plus dans les enfants. Peu à peu, à l’époque des Misérables, avec le contrôle progressif des naissances, la famille bourgeoise soigne, choie, aime sa progéniture. Elle se préoccupe non seulement de son avenir professionnel, mais aussi de son bien être. Pour les classes aisées, on ne cesse de concevoir et de réaliser des espaces qui soient mieux adaptés au déroulement de ses journées, à la maison comme à l’école : lieux pour jouer, pour assister à des spectacles, pour se mouvoir.

 

Les espaces de l’enfance démunie, eux, ont peu changé :pièce unique au mobilier pauvre où vit la famille nombreuse, atelier, classe rudimentaire, rue. Des intervenants extérieurs, médecins, homme d'État, éducateurs…, prennent en charge les enfants misérables. Ceux même qui sont victimes de la révolution industrielle. Car l’exploitation des enfants sur leur lieu de travail est une réalité dramatique. Grâce à l’école et aux lois sociales en faveur des mineurs, elle recule progressivement jusqu’à devenir, à la fin du XIXème siècle, un fait marginal. L’école de la République est un facteur de promotion sociale et place peu à peu sur un pied d’égalité enfants de riches et enfants de pauvres.

 

LES ENFANTS RICHES ET BOURGEOIS

Chez les aristocrates puis les familles bourgeoises, des espaces sont réservés aux enfants. En Angleterre, c’est dans la nursery que se déroulent leur vie et leurs jeux. Elle est située dans une zone distincte de celle des parents, qui viennent les y voir et avec qui, certains jours de fête, ils passent toute la journée.

 

En France, dans les grandes demeures de la Noblesse et de la haute bourgeoisie, les enfants ont leur appartement personnel.. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, où l’on tend à attribuer à chaque pièce un usage particulier, on distingue les chambres des garçons et celles des filles. Dans les classes moyennes, même s’ils n’ont pas une pièce qui leur est réservée, les enfants ont un coin à eux, avec leurs jouet.

LES ENFANTS PAUVRES: ABSENCE D'OBJETS SPECIFIQUES ET ESPACE EXIGU

En ville, l’éducation de l’enfant pauvre se fait essentiellement dans la rue ou sur le lieu de travail (puis progressivement à l’école). Car, l’enfant ne dispose pas d’un espace à lui à la maison : la promiscuité avec les frères et sœurs, avec les parents et d’autres adultes de la famille est le quotidien de ses journées et ses nuits. Les lits sont souvent partagés entre frères sœurs ou entre parents (ou d’autres adultes) et enfants. Ainsi le manque d’intimité enseigne à l’enfant pauvre de pratiques affectives et sexuelles que ne connaît pas l’enfant des classes supérieures. « Trotteur »et voiture d’enfant sont des articles de luxe auquel l’enfant pauvre n’a pas accès. Sa motricité (la position assise, la marche, le maniement d’objets à la mesure de ses menottes…) s’exerce comme dans les siècles passés, avec des objets de la vie des adultes ou grossièrement fabriqués à cette intention.

ENFANTS DES RUES :

Le petit mendiant est présent tout au long du siècle. Il ne s’agit pas d’un mendiant occasionnel, mais d’un enfant contraint de demander la charité aux passants été comme hiver. Chassé par la police, il est obligé de changer continuellement de quartier.

 

Le châtiment suprême est de lui imposer d’aller à l’école. L’enfant vagabond, tel Gavroche et ses petits compagnons, erre sans limite, sans calendrier et sans enfance dans Paris. Petit feu follet des rues, il apparaît et disparaît sans laisser de traces. Il y a aussi l’enfant victime d’une véritable traite, comme le Rémi de Sans famille : enfants vendus par les familles trop pauvres pour les nourrir et expédiés dans des régions lointaines.

 

Ils sont souvent contraints à des tâches dégradantes, comme Cosette, ou dangereuses pour être finalement abandonnés sur les grands chemins quand ils sont devenus trop grands. Les « enfants de l’Empire »sont arrachés à leur sol natal pour servir dans les pays colonisés. De 1870 à 1930, environ 100 000 orphelins anglais de deux-trois ans son ainsi légalement déplacés, vers le Canada et l’Australie surtout. A leur arrivée, il sont confiés à des colons et dès qu’ils ont un peu grandi, ils commencent une vie de travail plus ou moins rude. Des enfants finissent en prison pour délinquance: petits voleurs, fillettes prostituées, complices de malfaiteurs adultes, Eponine et Azelma.

LE TRAVAIL DES ENFANTS: UNE RÉALITÉ DRAMATIQUE

En Angleterre, en Allemagne, en France…, les enfants sont embauchés dans les voiries, les manufactures de tabac, les filatures de coton, les fabriques, à partir de six-sept ans, parfois plus tôt.

 

La journée de travail est de quatorze à seize heures pour un salaire quatre fois inférieur à celui d’un adulte.

 

Dans les filatures de coton, les bambins ont la pénible tâche de mettre en mouvement les mules-jennys, en trouvant les manivelles situées sous les métiers. Les malheureuses victimes de la dureté de leurs parents et de l’insensibilité de leur maître crachent le sang dès le premier jour, et à chaque fois leurs barbares parents viennent se plaindre de ce qu’on les a renvoyés sans salaire au milieu de la semaine (…)

 

Maltraités, mal vêtus mal nourris, ils doivent parcourir à pied, dès trois heures du matin, la longue distance qui sépare leur maison de leur atelier et faire le soir le chemin en sens inverse, après une journée de travail harassante. Dans les mines, on les emploie (parfois dès quatre ans) à ramper dans les étroites galeries, attachés comme des animaux au chariot qui pousse un autre enfant. Leur tâche consiste à ouvrir et fermer les portes des galeries, les obligeant à rester seuls sous terre dix à douze heures.

 

C'est de ces enfants que parle V. Hugo dans le poème, Melancholia :

 

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement... » (Les Contemplations)

l’éducation des enfants

Au début de l'époque victorienne, l'accès à l'éducation était réservé à une élite de la société. La distinction était nette entre les apprentissages des enfants issus de l'aristocratie et de la bourgeoisie et ceux des enfants de villages plus pauvres. De même, on distinguait clairement l'éducation donnée aux filles et celle donnée aux garçons. Tout au long du XIXe siècle, ces différences s'amenuisèrent, jusqu'à la fin du règne de la Reine Victoria, où tous les enfants de moins de 12 ans devaient aller à l'école.

 

Dans les familles aristocratiques, traditionnellement, les enfants étaient éduqués à la maison, par une gouvernante, qui leur donnait les bases de la bonne éducation: lire, écrire, compter (les trois R en anglais: Reading, wRiting, aRithmetic). Plus tard, quand les enfants grandissaient, les garçons étaient envoyés dans des pensionnats privés comme la Westminster School alors que les filles restaient auprès de la gouvernante et apprenaient le chant, le piano, la couture, et toute sorte de disciplines très utiles pour les mères au foyer qu'elles étaient amenées à devenir.

 

Pour les familles les plus pauvres, il était, bien sûr, hors de question d'employer, de loger et de nourrir une gouvernante. Lorsque la mère avait eu la chance d'être instruite, c'est elle qui s'occupait de transmettre le savoir à ses enfants. Mais pendant très longtemps, sans cette chance, les enfants n'apprenaient ni à lire, ni à écrire, ni à compter. Au fur et à mesure, des écoles se sont développées dans les villes et villages. Pour les plus jeunes, c'était, parfois, une femme du village ou d'un village voisin qui faisait classe dans une pièce de sa maison. Puis les enfants plus âgés rejoignaient des écoles qui, contrairement aux Public Schools aristocratiques, n'accueillaient les enfants que la journée, voire que le dimanche matin (les Sunday Schools) pour leur procurer les fameux trois R, à force de copie et de répétition... Enfin, les jeunes orphelins ou les enfants indigents rejoignaient des Charity ou Ragged Schools (littéralement "écoles déguenillées") qui offraient une instruction gratuite ainsi que l'hébergement, la nourriture et parfois même l'habillement. Cependant, si les châtiments corporels faisaient partie de l'ensemble du système éducatif victorien, tant chez les riches que chez les pauvres, les Ragged Schools, comme Lowood dans Jane Eyre, faisaient reposer leur mode d'éducation sur la cruauté et les mauvais traitements.

 

Dans l'Angleterre victorienne, l'éducation "de base" s'est généralisée à l'ensemble de la société. Mais malgré tout, il demeurait à la fin du siècle de grandes disparités dans la qualité de l'enseignement et le cadre de vie prodigué aux élèves. Mais le plus paradoxal est sans doute que les Public Schools des enfants riches ont presque toutes étaient fondées avec pour vocation originelle d'accueillir les enfants les plus démunis...

Les chatiments corporels

LES CHATIMENTS CORPORELS EN ANGLETERRE AUTREFOIS Depuis l'époque victorienne, les châtiments corporels étaient pratique courante en Angleterre. Tout au long du XIXe siècle et aujourd’hui encore, la bourgeoisie anglaise a justifié les bastonnades qu’elle infligeait à ses enfants par les Proverbes que l’Ancien Testament prête au roi Salomon « Qui épargne la baguette hait son fils, qui l’aime prodigue la correction. » Investis de l’autorité paternelle, les établissements scolaires privés que fréquentaient les élèves des familles aisées, dénommés improprement “public schools” s’abreuvaient à la même source.

 

Mrs S…. raconte comment elle couchait à plat ventre sur une table les filles qu’on lui amenait à fouetter.  Elle leur donnait du bâton sur les fesses nues, en présence des parents s’ils le désiraient… Elle prenait 2 guinées (environ 250 euros) par séance et vendait sa «cane à fessée» de différentes tailles par correspondance… À la fin du XIXe siècle, on pouvait trouver dans les journaux anglais (y compris dans le religieux Guardian) des petites annonces à la recherche de personnel de maison «capable de donner de sévères punitions corporelles». Un ancien pensionnaire du “St George Collège” décrit ce que les élèves nommaient “l’exécution”  « Le maître maniait la trique de toutes ses forces et il suffisait de deux ou trois coups pour que le sang commence à couler.

 

Il en administrait 15 ou 20, jusqu’à ce que le derrière du jeune garçon soit en sang. Calquées sur le modèle du prestigieux Eton College - véritable sanctuaire de la flagellomanie anglaise où l’usage de la canne était encore signalé dans les années 1970, des scènes similaires se multiplièrent dans les nombreux établissements scolaires fondés à l’époque victorienne.

 

Maintenu par deux de ses camarades, le « coupable » désigné par le proviseur devait s’avancer jusqu’au chevalet prévu à cet effet, baisser son pantalon et s’agenouiller pour subir le châtiment. Illustration extraite  ” the english vice”  flagellomanie Eton. Dès 1847, les députés du Parlement - également rompus par la discipline des public schools - autorisèrent la justice à faire donner la verge aux délinquants de moins de quatorze ans pour des infractions mineures, sous le prétexte qu’une punition « considérée comme salutaire pour le fils d’un gentleman le serait d’autant plus pour celui d’un homme pauvre » Dès la fin du XVIIIe siècle, L’Amiral Nelson fit scandale quand, réorganisant la marine, il commença par supprimer les punitions corporelles utilisées envers les marins.

 

Entre 1900 et 1911, les magistrats britanniques infligèrent encore près de trente-cinq mille bastonnades déculottées à de jeunes contrevenants (parfois pour un simple chapardage). Il fallut attendre 1967 pour que le supplice du fouet disparaisse du règlement des prisons. En 1973, un commerçant déclarait vendre toujours beaucoup de fouets, commandés par les familles et les écoles. Dans les classes élevées de la bourgeoisie, on demandait qu'ils soient livrés dans la plus grande discrétion..

 

En 1977, le Directeur de la prestigieuse école d'Eton affirme que les aînés n'ont plus le droit de battre les plus jeunes. Seuls les membres de la Direction fouettaient encore, mais sans dénuder…. Les punitions corporelles sont interdites depuis 1986 dans les écoles publiques et depuis 1999 dans les écoles privées.