Les Grandes Horizontales ou Demi-Mondaine

En France, au XIXe siècle, le mot demi-mondaine1 désignait les femmes entretenues par de riches Parisiens. Ce groupe social, jusque-là invisible, se manifesta bruyamment dans la presse, le théâtre, les réunions publiques et finalement dans toute la société parisienne à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaître pendant la Première Guerre mondiale. Ces cocottes de basse ou haute condition sont appelées aussi « Grandes Horizontales »

 

« Ces messieurs étaient assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une autre pour la galerie. En additionnant leur moitié avec une demie, ils réinventaient la bigamie. » Le mot de demi-mondaine est issu du Demi-Monde, une comédie qu’Alexandre Dumas fils publia en 1855.

 

Le demi-monde est un monde nébuleux qui renvoie une image déformée du « grand monde ». À première vue, le demi-monde est identique à son aîné mais derrière les bonnes manières, la culture, l’apparente respectabilité et les titres de noblesse on découvre fêlures, dissonances, fausses positions, corruptions inavouables et fortunes scandaleuses.

 

Il est composé d’individus à l’existence équivoque, des hommes joueurs, « viveurs » (surnommés les grecs) et surtout des femmes sans mari à la destinée souvent trouble, grandes dames déchues, petites bourgeoises, anciennes prostituées. Leurs origines se perdent dans la brume, les plus belles, les plus spirituelles ont souvent parcouru des mondes de noirceur et certaines en sont issues, ce sont les demi-mondaines.

 

« Le demi-monde ne représente pas comme on le croit, la cohue des courtisanes mais la classe des déclassées. Il est séparé des honnêtes femmes par le scandale public, des courtisanes par l’argent » (Alexandre Dumas fils).

 

Les demi-mondaines sont des femmes entretenues par de riches hommes, souvent des parisiens, qui sont assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une demi-mondaine. Elles vivent dans des appartements meublés pour les plus modestes et dans des hôtels particuliers pour les plus influentes. Leur clientèle est composée de grands bourgeois, de riches industriels, de banquiers, de riches provinciaux et même pour les plus en vogue d’aristocrates français ou étrangers.

 

Les demi-mondaines ont souvent plusieurs domestiques et mènent une vie oisive au milieu du luxe le plus ostentatoire. Elles passent énormément de temps à leur toilette et ne sortent que l’après-midi vers seize heures pour aller parader au Bois, pour assister aux courses de chevaux, pour aller au théâtre, au restaurant ou chez leurs amies. Elles reçoivent aussi chez elles, c’est l’occasion de séduire de futurs clients, de faire l’étalage de ses richesses et pour les novices de se faire connaître auprès du « Tout-Paris ». Les demi-mondaines ont un amant officiel et plusieurs amants secondaires, elles peuvent leur extorquer jusqu’à plusieurs centaines de milliers de francs par mois et elles dilapident des sommes incroyables en toilettes, parures, chevaux, voitures, etc.

 

Comme à Venise au XVIIIe siècle, la prostitution a pris une ampleur phénoménale. Mais ce ne sont pas les pensionnaires des maisons closes et les racoleuses de Notre-Dame-des-Lorettes qui symbolisent la ville, c'est un peuple de femmes nées avec Nana, les demi-mondaines, souvent comédiennes de second plan, déjà courtisanes, les femmes entretenues.

 

Le demi-monde et son peuple ont beaucoup inspiré les artistes, que ce soit des romanciers comme Zola, des poètes comme Baudelaire ou des peintres comme Millet. Odette de Crécy chez Proust est l'exemple d'une demi-mondaine qui va devenir une grande bourgeoise (Mme Swann), puis une femme du « monde » (Mme de Forcheville).

La belle Otero

Valtesse de la Bigne

La Goulue